Elissa commençait à se lasser de sa grossesse. Alors, pour faire venir l’enfant, elle s’activait : elle visitait les écuries, flattait les bêtes, puis s’en allait en cuisines contrôler le travail de la vieille Flamenca, avant de sortir en compagnie de ses deux enfants. Sa jeune fille, belle, gracieuse, tenait d’elle son visage ovale et sa peau pâle et douce, et de son père une rousseur insolente et des yeux pétillants et rusés. Son fils, qui marchait à peine, était d’un roux plus clair et déjà semblait le portrait de son père.
Le tenant par la main, suivie de la gouvernante Henriette qui veillait, la baronne déambulait entre les parterres de primevères, de pensées, les labyrinthes de buis et les touffes de marguerites qui ça et là parsemaient la pelouse. La matinée était avancée, et le soleil de printemps inondait le ciel. Ses rayons formaient à travers les branches des noisetiers des flaques de lumière dorée. Respirant l’air pur, la baronne ne songeait presque plus à son état… Elle faisait tourner, dans ce cadre, dans cette lumière, son fils adoré dans ses bras.