Arrivée du Wulfen

Le Wulfen se présenta devant le castel Malpertuis sur son noir hongre, une vicieuse et laide bête dont le caractère s’accommodait étrangement avec celui de son maistre.
Il descendit de sa monture et fit passer les rênes au-dessus de la tête de l’animal pour poursuivre à pied, cillant lorsqu’il devait retenir l’animal rétif de ses mains bandées.

Il attendit quelques instant qu’un serviteur vint l’accueillir.
Bonjour l’homme, je suis Anthony de Massigny, dit le Wulfen, je suis attendu par le Sire de Malpertuis. Vous serez bien bon de le prévenir de mon arrivée…

Il tendit les rênes au serviteur et l’avertit...
Méfiez-vous de lui. L’animal est aussi vicieux qu’il est « joueur ». Gardez-vous de ses dents et de ses sabots... Je ne voudrez point inutilement réduire la maisonnée de Messire de Malpertuis de vos services.

Et sans tenir compte du regard de reproche que lui lança son destrier, il entra dans le castel...

Le vicomte de Clérieu tomba Reginhart, le fils du baron, qui se dirigeoit vers les écuries en assaillant le valet Gros-Guillaume de questions sur la chasse au goupil.

Sitôt après, ce fust au tour du héraut Touraine d'ébranler l'huis. A croire que Bélinay, ce petit castel perdu au milieu des montagnes d'Auvergne, estoit sur la route de la soie ou les chemins de Sainct-Iacques.

Considérant alternativement les deux sires, le Sixième des Malpertuis demanda :

-Vos seigneuries sont venues elles aussi pour voir monsieur mon papa ? Il donne audience à un sire musicien et à une dame qui élève des goupils.

L'héritier se tourna vers LLyr, qui portoit son tabard fleurdelisé.

-On diroit le vestement que revest mon papa, lorsqu'il va voir nostre seigneur le Roy. Oh ! Mais ?! s'interrompit-il, recognoissant l'arme qui pendoit à la ceinture du vicomte de Clérieu.

-C'est l'espée de monsieur mon papa ! Il vous l'a donnée ?

LLyr s'inclina devant Temple
- Maréchal heureux de vous voir céans

Puis avisant ce p'tit bout d'homme au couleur des Malpertuis, à la gouaille enfantine et au port noble, il déplaça Icewinder pour la caler dans son dos et mit un genou en terre pour être à sa hauteur. bran, son fidele ami à quatre pattes relevant les oreilles à la mentions des goupils

- Bien le bonjour petit seigneur, je me nomme LLyr mais tout le monde ici m'appellera Touraine je le crains.

Effectivement messire Jehan, ton popa, ainsi que messire de Clérieu et moi mesme faisons parti d'une mesme mesnie royale, voila pourquoi nous avons en commun des symboles nous rappellant que nous sommes en quelques sortes des freres d'armes.

Bran battait de la queue la terre en regardant le petit homme, d'un sourrire LLyr lui itima l'ordre de ne pas bouger et d'estre aux ordres

- Je te présente Bran, un compagnon auquel il ne manque que la parole, si tu veux tu peux le caresser, il adore ça et il n'aime pas manger les gens, il prefere bien mieux le gibier *rire*

Le Wulfen regarda arrivé le marmot et sourit de sa gouaille.
Il lui ébouriffa affectueusement les chevaux avant de lui répondre...

Mes respects sire Reginhart, je suis Anthony de Massigny, un ami de maistre de lieu.
Et ton œil est vif mon enfant puisque c’est bien l’ancienne lame de ton père que je porte.
C’est lui qui m’a fait honneur en me confiant Cautèle... ou en me confiant à sa garde... lorsqu’il m’a fait Vicomte.

Peux-tu me conduire à lui ?

L'enfant caressa longuement la teste du chien en souriant, puis répondit :

-Je ne sais pas si on peut déranger mon papa, mais on peut demander à Mahaut de l'aller voir.

Il partit en courant dans les couloirs, jusques dans les chambres où s'activait la bonne. Gros-Guillaume salua ces messires, puis se mit à courir derrière le fils du baron, qui décidemment lui en faisoit voir.

La bonne rejoignit l'entrée du castel en maugréant dans son patois rouergat.

-Je vous donne le bonsouère, messires, qui devons-je annoncer à monseigneur le baron ? J'allons vouère s'il pouis vous recevouère.

Les deux gentilshommes se nommèrent de nouveau.

Puis Mahaut avisa le chien et se renfrogna d'autant. Elle detestoit ce genre de bestes. Il alloit mettre des poils et de la bave sur tous les faudesteuils.

-Le maistre de céans n'aime pas beaucoup les molosses, mentit-elle, vostre grasce ne peut-elle poinct laisser son mastin dans la cour ?

- Messire Jehan connait très bien Bran ne vous en faites point ma brave dame, il sait se tenir en societé et n'a jamais rien sali chez qui que ce soit. Je puis vous garantir qu'il sera faire montre de meilleur mine que bien des humains.

La bonne étouffa un juron : -Macarel de nondidju. Sale bêïte de sale bêïte.

Puis, l'air sombre, elle invita les deux visiteurs (les trois visiteurs, en comptant la beste bavante à quatre pattes) à la suivre jusques à la salle commune.